
La Psychologie De L’argent: Résumé et Leçons
La psychologie de l’argent est un bestseller financier paru en 2020. Depuis sa sortie, il s’est vendu à plus de 4 millions d’exemplaires et est rapidement devenu un classique incontournable. Personnellement, je connaissais déjà l’auteur, Morgan Housel, depuis un moment. Et cela faisait quelque temps que je voulais m’attaquer à son livre. J’ai enfin pris le temps de le lire. Je vous propose ici, un résumé des 10 points clés que j’ai trouvés les plus importants ou intéressants.

Point 1 de La Psychologie de l’argent : Personne n’est fou
Votre expérience avec l’argent ne représente qu’une infime partie de ce qui se passe dans le monde. Pourtant, 80 % de ce que vous croyez vrai repose sur cette expérience limitée.
Ce chapitre d’ouverture de La Psychologie de L’argent nous rappelle une vérité fondamentale qui dépasse le simple cadre de la finance. Il rappel également que notre perception du monde est partielle, biaisée et limitée. Mais elle constitue malgré tout la base sur laquelle reposent la majorité de nos croyances.
L’auteur cite une étude réalisée en 2006 par le National Bureau of Economic Research sur 50 années d’habitudes financières des ménages américains. Sa conclusion est la suivante :
La tolérance au risque d’une personne dépend largement de son histoire personnelle.
L’auteur enchaîne en expliquant que ce n’est ni l’intelligence, ni l’éducation, ni une quelconque sophistication financière qui influencent le plus la façon dont nous gérons notre argent, mais simplement la chance liée à la période à laquelle nous sommes nés.
Cette conclusion nous amène directement au point clé numéro 2 de La Psychologie de l’argent.
Point 2 : Les gens sous-estiment la chance et le risque
Nous avons tendance à surestimer le rôle du talent et à sous-estimer le rôle de la chance et du risque. Pourtant, comme le dit l’auteur :
La chance et le risque sont frères et sœurs.
Nos résultats dans la vie ne dépendent pas uniquement de notre travail et de nos efforts, mais aussi d’une multitude de facteurs externes.
Pour illustrer ce point, Housel prend l’exemple de Bill Gates. C’est indéniablement un individu brillant et extrêmement travailleur. Mais il a aussi bénéficié d’une opportunité unique. En effet, il faisait partie des rares étudiants de son époque à avoir accès à un ordinateur dans son collège.
Voici quelques statistiques frappantes :
- En 1968, il y avait 303 millions d’étudiants dans le monde.
- 18 millions vivaient aux États-Unis.
- 270 000 étaient dans l’État de Washington.
- 100 000 dans la zone de Seattle.
- 300 seulement allaient au lycée Lakeside… dont Bill Gates.
Ce dernier a d’ailleurs déclaré en 2005 :
S’il n’y avait pas eu Lakeside, il n’y aurait pas eu Microsoft.
L’auteur établit ensuite un parallèle avec le monde de l’investissement. S’il y a aujourd’hui un milliard d’investisseurs dans le monde, il est logique que certains deviennent milliardaires uniquement par chance.
Mais si vous étiez en face d’eux, leur diriez-vous qu’ils doivent leur succès au hasard ? Probablement pas.
Le problème, c’est que nous avons une vision biaisée des réussites. Nous nous focalisons uniquement sur les gagnants et leur méthode, en occultant totalement le rôle du hasard et des circonstances favorables qu’ils ont pu rencontrer.
Ce biais nous amène à deux mises en garde importantes :
- Attention à qui vous admirez
Tous les succès financiers ne sont pas dus au travail acharné, et toutes les situations de pauvreté ne sont pas causées par de la paresse. Gardez cela en tête avant de juger les autres… et vous-même. - Évitez de trop vous focaliser sur les détails
Chercher des schémas précis ou des stratégies ultra spécifiques peut être dangereux. Pourquoi ? Parce que nous avons tendance à analyser des cas extrêmes, souvent non réplicables. Plus un succès est exceptionnel, plus il y a de chances qu’il repose sur un mélange de chance et de prise de risque extrême.
Point 3 de La Psychologie de L’argent: Savoir quand s’arrêter
L’un des aspects les plus difficiles en finance, c’est de savoir quand il faut arrêter de repousser ses limites.
Saviez-vous qu’avant de monter la fameuse arnaque qui l’a rendu célèbre, Bernard Madoff était déjà multimillionnaire ?
Il avait fondé une entreprise de courtage légitime. Selon le Wall Street Journal, représentait 10 % des transactions boursières de New York dans les années 90. À cette époque, son entreprise générait entre 25 et 50 millions de dollars de revenus totalement légaux chaque année, uniquement grâce aux frais de courtage.
Pourquoi alors a-t-il fini par orchestrer l’une des plus grandes fraudes financières de l’histoire ?
L’auteur explique que Madoff est l’exemple parfait de quelqu’un qui ne connaissait pas la notion de “suffisant”.
Il est facile de se dire que son cas est unique. Mais en réalité, combien de millionnaires continuent à travailler jusqu’à leur mort pour accumuler toujours plus d’argent ?
Arrêtez de déplacer sans cesse vos objectifs
Ayant moi-même travaillé plusieurs années dans la gestion de fonds, je peux vous le confirmer : beaucoup tombent dans ce piège. Ce qui nous amène aux deux leçons clés de ce chapitre.
1. Une des qualités financières les plus difficiles à acquérir est d’arrêter de déplacer sans cesse ses objectifs.
Si vos attentes augmentent au même rythme que vos résultats, il n’y a aucune logique à vouloir toujours plus. Vous vous sentirez constamment au même point, tout en devant fournir des efforts toujours plus importants. Comme le souligne l’auteur, cela crée une insatisfaction perpétuelle.
2. La comparaison sociale est un problème majeur.
Le jeu de la comparaison sociale est un jeu auquel il est très difficile de ne pas participer. Surtout à notre époque avec l’omniprésence des réseaux sociaux. Pourtant, c’est un jeu impossible à gagner, car il y aura toujours quelqu’un de plus riche que vous.
Comme au casino, la seule façon de gagner est de ne pas jouer et d’accepter que vous avez peut-être déjà assez aujourd’hui, même si c’est moins que certains.
Les intérêts composés sont toujours sous-estimés
Nous avons tous entendu la célèbre phrase selon laquelle les intérêts composés sont la force la plus puissante de l’univers. Livres, chaînes YouTube, blogs financiers… Tous en parlent, et pourtant, ce concept reste largement sous-estimé.
Pourquoi ? Parce qu’il est contre-intuitif.
Un exemple frappant est celui de Warren Buffett. Sur les 84 milliards de dollars q’il possédait au moment de l’écriture du livre, 81 milliards ont été gagnés après son 65ᵉ anniversaire.
Au-delà de ses retours moyens impressionnants de 22 % par an, l’avantage principal de Buffett est qu’il a commencé à investir dès l’âge de 10 ans. Et il a maintenu sa discipline pendant plus de 80 ans.
Si Buffett avait décidé de prendre sa retraite à 65 ans et de liquider tous ses actifs pour aller jouer au golf, il aurait laissé environ 80 milliards sur la table.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, être un bon investisseur ne signifie pas obtenir des rendements exceptionnels sur le court terme. Ces rendements ont tendance à être éphémères. Les meilleurs résultats viennent de rendements solides et reproductibles sur de longues périodes. Rien ne surpasse la puissance mathématique des intérêts composés sur le long terme. Vous pouvez déjà profiter de la puissance des intérêts composés pour préparer votre retraite à un jeune âge.
Être un bon investisseur, ce n’est pas prendre des décisions extraordinaires dans La Psychologie de L’argent
Ce n’est pas en prenant des décisions extraordinaires que l’on devient un bon investisseur. C’est, au contraire, en évitant systématiquement et sur le long terme de prendre de très mauvaises décisions.
Comme l’explique l’auteur, il existe des milliers de façons de devenir riche. Mais une seule de le rester : une subtile combinaison de frugalité et de prudence.
Il prend l’exemple de Jesse Livermore, l’un des traders les plus riches de l’histoire, qui a pourtant fini ruiné. Livermore était extrêmement doué pour gagner de l’argent, mais beaucoup moins pour le conserver. Son échec est principalement dû à un mode de vie extravagant et à une gestion des risques hasardeuse.
Devenir riche nécessite de prendre des risques, d’avoir confiance en soi et de s’exposer aux opportunités. Rester riche, en revanche, exige des qualités opposées : humilité, frugalité et une grande prudence dans la prise de décisions. Il faut aussi accepter que, dans toute réussite financière, une partie de la richesse accumulée résulte d’une chance. Chance qui n’est pas forcément réplicable indéfiniment.
Plus que des rendements élevés, visez l’indestructibilité financière
Plutôt que de chercher des rendements extravagants, visez avant tout à être financièrement indestructible. Pourquoi ? Parce qu’en étant indestructible, vous pouvez rester investi plus longtemps. De ce fait, vous laissez les intérêts composés faire leur travail sur de longues périodes.
1. Faites des plans qui autorisent l’imprévu et les erreurs.
Un plan n’a d’intérêt que s’il peut survivre à l’épreuve de la réalité. Et la réalité, c’est un futur rempli d’incertitudes et d’événements imprévisibles.
2. Vous pouvez avoir tort la moitié du temps et malgré tout accumuler une fortune.
Dans ce chapitre de La Psychologie de l’argent, l’auteur nous offre un aperçu des mathématiques contre-intuitives du succès financier.
Beaucoup pensent que, pour obtenir des résultats constants et soutenus, il suffit de fournir des efforts constants. Or, ce n’est pas ainsi que fonctionne le succès financier.
En réalité, la majorité des gains financiers proviennent d’une poignée d’événements qui jouent très fortement en notre faveur. La plupart du temps, rien ne se passe. Ou soit, nous accumulons de petites pertes et défaites avant qu’une opportunité majeure ne génère des gains massifs.
Un exemple parlant : dans le monde du capital-risque, un fonds qui investit dans 50 startups s’attend généralement à ce qu’une ou deux génèrent l’essentiel de ses rendements. Plus de la moitié des startups échoueront complètement, tandis qu’une dizaine stagneront autour du seuil de rentabilité.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- Sur 21 000 startups financées par Correlation Ventures entre 2004 et 2014 :
- 65 % ont été perdantes,
- 2,5 % ont été multipliées par 10 ou 20,
- 1 % ont été multipliées par plus de 20,
- 0,5 % seulement ont été multipliées par 50 ou plus.
Et pourtant, c’est cette infime fraction d’investissements ultra-performants qui a généré la majorité des rendements du fonds.
Avec ces principes en tête, retenez que dans l’investissement (comme dans la vie), ce ne sont pas les décisions spectaculaires qui comptent. Mais bien la capacité à maintenir une discipline à long terme. La capacité à éviter les erreurs fatales et à exploiter la force des intérêts composés.
L’auteur poursuit ensuite en nous disant que si ces mathématiques semblent logiques pour des investissements très risqués comme le venture capital, elles ne sont pourtant pas si différentes en Bourse. Depuis 1980, sur l’indice boursier américain Russell 3000, 40 % des sociétés ont perdu 70 % de leur valeur ou plus. Et seulement 7 % des sociétés ont réalisé la majorité des retours de l’indice. À l’intérieur de cette minorité de sociétés gagnantes, on retrouve les mêmes mathématiques, avec une minorité de produits gagnants.
Dernièrement, des sociétés comme Apple ou Amazon ont généré une large part des retours des indices boursiers. La majorité des revenus d’Amazon ont été générés par un seul service : Amazon Prime. Et la majorité des revenus d’Apple ont été générés par un seul produit : l’iPhone.
La conclusion de tout cela, c’est que lorsque vous réalisez que la majorité de vos résultats seront, dans tous les cas, produits par une minorité d’actions, vous acceptez plus facilement qu’il est normal, par nature, que beaucoup de choses aillent mal, cassent, échouent ou ne se passent pas comme prévu. Il est normal de ne pas trouver un job ou la bonne entreprise tout de suite, de choisir de mauvaises actions parfois, d’avoir beaucoup d’années moyennes et un certain nombre d’années perdantes en Bourse.
Nous en revenons ici à la fameuse citation de Peter Lynch :
« Si vous êtes bon dans ce business, vous aurez raison six fois sur dix. Vous n’aurez jamais raison neuf fois sur dix. »
Il existe des industries comme l’aviation, la médecine ou la restauration où, par nature, vous devez avoir un taux de réussite proche des 100 %. Le monde de l’investissement, du business et de l’entrepreneuriat n’en fait simplement pas partie.
Point 7 de La Psychologie de L’argent : La richesse, c’est ce que l’on ne voit pas
Dans La Psychologie de L’argent, Morgan explique que l’échec invisible et un succès bruyant nous donnent une vision biaisée de la réalité. Une richesse invisible et des dépenses visibles nous offrent une perception faussée de la réussite financière.
Les personnes que l’on voit avec le plus de signes extérieurs de richesse ne sont pas forcément les plus riches. Et ceux qui en montrent le moins ne sont pas forcément les plus pauvres.
Ou, comme le dit l’auteur :
« Dépenser de l’argent pour prouver aux autres que vous en avez est le meilleur moyen de le perdre rapidement. »
Dans la réalité, la richesse de votre portefeuille d’actions ou de votre compte en banque prend surtout ses racines dans le nombre de voitures, de diamants et de montres de luxe que vous n’avez pas achetés.
Il est dit dans le livre que la chanteuse Rihanna avait décidé d’attaquer en justice son conseiller financier après avoir frôlé la faillite. Était-il vraiment nécessaire de lui rappeler que « quand on dépense de l’argent dans des choses, on finit avec les choses, plutôt qu’avec l’argent », a déclaré le conseiller.
La réponse semble drôle. Mais le fait est que, pour beaucoup de gens, il est nécessaire de rappeler régulièrement cela pour éviter les désastres. Quand les gens disent « Je veux être millionnaire », ce qu’ils veulent dire, c’est « Je veux dépenser de l’argent comme un millionnaire ». Ce qui est, le plus souvent, l’opposé de ce qu’il faut faire pour le devenir et pour le rester.
Point 8 dans La Psychologie de L’argent: Cibler ce qui est juste raisonnable donne souvent de meilleurs résultats que cibler ce qui est mathématiquement optimal et rationnel
Les papiers de recherche en finances sont remplis de stratégies visant à optimiser mathématiquement les meilleurs retours. Mais la plupart des gens ne cherchent pas à optimiser mathématiquement leur compte en banque. Ils cherchent à optimiser la qualité de leur sommeil tout en gagnant de l’argent en Bourse, si possible.
L’auteur nous donne ici l’exemple d’Harry Markowitz, prix Nobel d’économie, à l’origine de nombreux travaux mathématiquement complexes et fondateurs dans le milieu de la gestion de portefeuille. Lorsqu’on lui demandait comment il investissait son propre argent à l’époque, il aurait simplement répondu :
« Je divise mes contributions à 50 % en actions et à 50 % en obligations. Cela me permet de réduire les regrets sur chaque classe d’actifs. »
L’auteur donne ensuite l’exemple d’une étude démontrant que des retours supérieurs pouvaient être obtenus pour un jeune investisseur en investissant en Bourse en utilisant du levier, c’est-à-dire en empruntant de l’argent pour acheter des actions.
La logique était la suivante : même si cet investisseur faisait sauter son compte – et dans le cas présent, cela se serait produit en 2008, par exemple –, puisque investir en levier 2 implique qu’une chute de 50 % vous fasse perdre 100 % de votre capital, s’il démarre de zéro assez tôt dans sa vie, les retours additionnels du levier lui permettent de finir avec bien plus d’argent que sans levier.
C’est vrai sur le papier. Mais dans la vraie vie, personne ne revient en Bourse après avoir vu son compte s’évaporer et être réduit à zéro. En particulier si ce compte avait atteint une taille très importante.
C’est une stratégie qui semble mathématiquement rationnelle sur le papier, mais qui est complètement déraisonnable dans la vraie vie.
La conclusion de ce chapitre est donc la suivante : une stratégie imparfaite à laquelle vous pouvez vous tenir sur de longues périodes vous donnera toujours de meilleurs résultats qu’une stratégie parfaite sur le papier que vous n’arriverez plus à suivre au bout de deux ans.
Point 9 de La Psychologie de L’argent : Ne prenez pas de conseils de gens qui jouent à un jeu différent du vôtre
Dans la Psychologie de L’argent, l’auteur nous rappelle que la Bourse est pleine de gens aux objectifs financiers et aux échéances de temps différents. Nous avons des traders avec un horizon de court terme, voire de très court terme. D’autres sont des swing traders avec des horizons de quelques jours à quelques semaines. D’autres des investisseurs long terme, avec toutes les nuances qu’il y a entre ces différents profils.
Si vous êtes un day trader, la meilleure stratégie est d’acheter un actif engagé dans une tendance haussière forte, qui est bien monté hier et qui offre les meilleures chances de monter aussi demain. Cette logique n’est pas valable si vous êtes un investisseur de long terme.
Si vous êtes un investisseur avec un horizon d’au moins dix ans, vous avez plutôt intérêt à éviter les investissements à la mode d’aujourd’hui. Mais à plutôt vous concentrer sur des titres de qualité qui ne se paient pas trop cher.
C’est la raison pour laquelle différents profils ont tendance à regarder différentes choses en bourse. Si vous prenez les conseils d’un trader qui veut réaliser un profit sur quelques jours, vous n’aurez pas du tout les mêmes conseils d’achat qu’un investisseur value qui vise des titres à faibles valorisations et cherche de plus gros profits, mais avec un horizon temporel beaucoup plus élevé.
Cette différence de jeux explique, à mon sens, la majorité des conflits sur les réseaux sociaux, comme Twitter en particulier, où quelqu’un dit qu’un titre est une bonne ou une mauvaise idée. Parfois, cela peut être à la fois une bonne et une mauvaise idée en même temps, en fonction de votre échéance de temps.
Point 10 et dernier de La Psychologie de L’argent : L’optimisme sonne comme du mauvais marketing
Dans La psychologie de L’argent de Morgan, ceci est un avertissement contre la tentation du pessimisme. L’optimisme sonne comme du mauvais marketing, tandis que le pessimisme semble être l’opposé : une personne qui essaie de vous aider. Pour des raisons que je n’ai jamais comprises, les gens adorent entendre que le monde court à sa perte.
Si vous dites à quelqu’un que tout va bien se passer, soit il ne tiendra pas compte de ce que vous venez de lui dire, soit il vous regardera d’un œil sceptique. En revanche, si vous dites à quelqu’un qu’il court actuellement un grave danger, vous aurez sa totale et complète attention.
Si vous dites à quelqu’un qu’une action va sans doute être multipliée par deux dans les six mois, vous serez accueilli par du scepticisme ou de l’inattention. Si vous dites à quelqu’un qu’une action va à zéro le mois prochain à cause d’une grave faute comptable ou que l’économie mondiale va bientôt s’effondrer, il vous écoutera attentivement.
C’est pourquoi YouTube est composé à 90 % environ de miniatures alarmistes, et ce phénomène n’est pas nouveau. En 1840, déjà, l’économiste et philosophe John Stuart Mill écrivait :
« J’ai observé que ce n’est pas l’homme qui espère quand tous désespèrent, mais l’homme qui désespère quand tous espèrent, qui est le plus souvent perçu par la majorité comme un sage. »
Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer cela. La principale est que c’est simplement dans notre nature. La symétrie de pouvoir entre les attentes positives et négatives prend ses racines dans l’évolution. Les organismes qui considèrent les menaces comme plus urgentes que les opportunités ont de meilleures chances de survie et de se reproduire, écrivait Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie.
Une autre explication est que le pessimisme pêche souvent par un manque d’imagination, en extrapolant à partir de tendances présentes. Et ceci, sans prendre en compte une multitude de facteurs importants et difficiles à prévoir à l’avance.
Un exemple concret ici : en 2008, l’environnementaliste Lester Brown écrivait : « D’ici 2030, la Chine aura besoin de 98 millions de barils de pétrole par jour. Le monde en produit actuellement 85 millions par jour, et pas plus. Voilà où se termineront nos réserves de pétrole. » Il aurait eu raison si les choses étaient restées telles qu’elles étaient. Mais en économie, les circonstances extrêmement bonnes ou mauvaises durent rarement longtemps, du fait de l’adaptation de l’offre et de la demande dans des proportions parfois imprévisibles.
La hausse de la demande fait qu’un baril de pétrole, qui se vendait à 20 dollars en 2001, est passé à 140 dollars en 2008. Soudainement, le jeu a changé, et trouver du pétrole est devenu aussi difficile que de trouver de l’or. Exploiter des gisements qui n’auraient pas été rentables est devenu soudainement rentable. Développer de nouvelles technologies de forage permettant de les exploiter est devenu une priorité.
Penser qu’un gros problème d’aujourd’hui restera forcément un gros problème demain est une prédiction facile à faire. Car elle demande peu d’imagination et elle est plutôt persuasive, puisqu’elle prend ses racines dans le présent. Mais parfois, les gros problèmes créent aussi de grosses incitations à les résoudre.
Les choses peuvent accélérer de manière imprévue, et les prévisions en ligne droite des pessimistes ne tiennent plus. Gardez cela en tête et méfiez-vous lors de la prochaine vidéo alarmiste que vous visionnerez. Peut-être que ce sera votre prochaine fois sur YouTube.
Je vous ai présenté ici les 10 points clés que j’ai trouvés les plus marquants du livre. Mais celui-ci est composé de 18 chapitres et de nombreuses anecdotes complémentaires aux exemples donnés.
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